Nous, les bons vivants

Ils en ont plus qu’assez, les bons vivants, d’être montrés du doigt par les grands prêtres de la pensée unique ! Assez d’être désignés comme les cancres d’une société pusillanime qui élève la prohibition généralisée au rang de morale absolue !

Assez d’être condamnés à rester au coin, avec un bonnet d’âne, mauvais sujets, mauvais citoyens ! Assez de devoir supporter les névroses de gouvernants qui condamnent, ex cathedra, ceux qui s’adonnent, dans une semi-clandestinité, à des plaisirs désormais coupables : fumer pour partager un moment de convivialité gratuite ; boire pour oublier la morosité ambiante et faire danser les papilles ; parler sans avoir à tourner sept fois sa langue dans sa bouche, de peur de dire une phrase qui entraînerait le versement de dommages et intérêts à quelques frileux, racornis, à l’affût du moindre faux pas.

Le doux paradis des amateurs, par bonheur, n’est pas celui des pourfendeurs, des rigoristes, des sectaires, des censeurs ! Puisse notre art de vivre en convaincre plus d’un et dissuader et dissoudre à terme cette minorité qui nous opprime au lieu de nous laisser en paix !

Une fois pour toutes, le bon vivant est le dernier avatar du dissident dans une société qui fait semblant d’ignorer qu’elle dérive vers le totalitarisme moral.

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[toggle title= »Claude-Henry du Bord » open= »no »]Claude-Henry du Bord est directeur littéraire des Cahiers Bleus. Poète (Le Verbe vivre, Les Cahiers Bleus) essayiste (Le Christianisme, Eyrolles) et philosophe (La Philosophie, Eyrolles), il est aussi traducteur du domaine polonais (Norwid, Rozewicz, Baczynfki,…). Il est membre du jury du prix européen de littérature.[/toggle]
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