LE SALON D’EMILIE, d’Emmanuelle De BOYSSON J’ai LU

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Roman Historique – Edition J’ai lu – 410 pages – 7.60 €

Parution J’ai lu Juillet 2012 (d’origine juin 2011)

L’histoire : Dans les années 1640… En Bretagne…. Emilie est une adolescente rêveuse, ambitieuse, éprise de lettre et de culture. Elle parle même le Français. Au décès de son père, sa mère l’envoi à Paris, auprès de la Comtesse de La Tour. Elle y sera gouvernante de deux de ses enfants. La comtesse relève vite les talents de plume d’Emilie, et commence à l’emmener dans les salons. Dès lors, Emilie n’aura de cesse que d’être incluse dans ce cercle fermé des ruelles, des jours, des salons des précieuses…. Pour cela, il faudra que sa condition et ses origines soient, si pas oubliés, du moins acceptés. Les efforts d’Emilie suffiront-il ?

 

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Mon humble avis : Me voici dans des contrées littéraires que je fréquente très peu, le roman historique. Et pourtant, comme  ce roman m’a plu ! Je me suis tout de suite attachée à Emilie, cette jeune fille qui se trouve encore, au début, au fin fond de sa Bretagne, à Locronan. Emilie ne peut que plaire, en jeune fille éprise de littérature, ambitieuse, qui malgré l’époque, rêve déjà d’émancipation féminine. Les premières pages me fond découvrir une époque de ma Bretagne d’adoption dont j’ignore tout, et dont je pourrais apprendre par coeur quelques mots et expressions Breizhou !

Puis, nous suivons Emilie à Paris et son destin peu commun me fascine, me captive, me fait tourner les pages, toujours et encore, sans m’en rendre compte.

On ne peut qu’être séduite par l’écriture savoureuse et soignée, digne de l’époque, d’Emmanuelle de Boysson. Ensuite, ce sont les recherches que l’on imagine faramineuses que l’on salue, tant Emmanuelle de Boysson réunit ici une multitude d’informations, de personnages et d’événements historiques. Je découvre la vie à Paris au 17ème siècle, lorsque Louis XIII et Richelieu décèdent et sont remplacés par la régence et un Mazarin ô combien décrié, en personnage central de nombre d’événements historiques cités ici. Il en devient presque amusant, voire déprimant, c’est à vous de choisir, de constater que politiquement, la France n’a pas beaucoup changé en 350 ans… même sans monarchie….Les « tracas » sont toujours les mêmes, sauf les proportions diffèrent. Le roman se déroule presque entièrement durant La Fronde, période historique complexe. L’auteure donne moult détails des stratégies politiques et militaires d’alors. J’avoue que ces passages m’ont perdue, devant la multitude des personnages aux noms ressemblant ou nommés différemment suivant les pages. Et c’est là que ce roman a buté contre ma très petite culture dans ce domaine, culture que l’on peut dire « scolaire », et qui donc, ne date pas d’hier. J’aurais pu, ou dû m’informer au cours de ma lecture. Je ne l’ai pas fait, trop prise pas l’histoire d’Emilie. Aussi, je vous encourage, avant d’entrer dans ce livre à cliquer sur le lien que j’ai mis sur le mot Fronde, et qui vous mènera sur Wikipédia. Ce sont ces égarements passagers, liés à la foule de personnages, qui m’ont fait amputer une de mes étoiles et qui ne mène pas ce roman sur le podium de mes coups de coeurs. J’imagine qu’un lecteur cultivé ou friand ce cette période de l’Histoire pourrait qualifier Le salon d’Emilie de chef d’oeuvre.

Qu’en est il d’Emilie d’ailleurs ? Elle est admirable, intègre, naïve aussi (comme le sont toutes jeunes provinciales débarquées à Paris), passionnée, courageuse, persévérante, humble mais loin d’être idiote. Elle a jouit d’une très bonne éducation, et très vite, apprend les manières qui lui permettent de s’intégrer à la société noble et aristocratiques du Paris d’alors. Manières que je découvre en même temps qu’elle, que je trouve souvent drôles, hypocrites et ridicules, et parfois, très classes ou curieuses. Nous voici dans les salons d’alors, où les précieuses se jouent des mots ou manigancent contre l’une ou l’autre, sous couvert de lettres soient disant égarées. Des noms célèbres apparaissent, telle Madame de Sévigné, Lafayette, Ninon de Lenclos, des Comtesses ceci, des duchesses cela. Corneille et Descartes sont cités, un certain Jean Baptiste Poquelin, encore méconnu, traîne aussi par là…. Quelques années plus tard, il parlera de ces femmes comme de précieuses ridicules ou des femmes savantes.

Suivre l’ascension d’Emilie dans cet environnement m’a réellement fascinée, tant j’ai aimé ce personnage qui sait allier ambition et respect des traditions et des autres. Malgré sa force de caractère, elle subit encore le poids des us et coutumes séculaires qui font que le femme est loin d’être libre. Avec Emilie, j’ai donc découvert le Paris du 17ème siècle, que ce soit dans les rues aristocratiques où des les rues boueuses infestées de rats et de brigands crevant la faim. Je me suis introduite dans ces salons où, malgré des bouches parfois édentées, les femmes brillaient par leurs tenues et leur élocution. C’était l’époque où, bien avant Georges Sand, les femmes n’avaient pas le droit de publier, usaient donc de pseudonymes et gardaient, autant que faire se peut, l’anonymat. Une époque pas si lointaine encore où le mariage n’apportait qu’une garantie et statut social et où l’on cherchait officiellement l’amour auprès des amants.

Je ne vous dirais rien des aventures et mésaventures d’Emilie dans son ascension sociale, ni des révélations qui parsèment son parcours. A vous de les découvrir en  lisant ce livre magnifiquement écrit et qui saura vous captiver par ses multiples rebondissements. Sachez qu’il a une suite « La revanche de Blanche », que je vais m’empresser de me procurer. Bonne lecture, et bon voyage dans l’Histoire.

Author: Emmanuelle