Emmanuelle de Boysson sur son dernier roman « Oublier Marquise »
Écrivain, journaliste et présidente du prix littéraire de La Closerie des Lilas, Emmanuelle de Boysson vient de publier son troisième roman historique, « Oublier Marquise » (Flammarion), et conclue une trilogie dans laquelle elle célèbre la complexité des relations amoureuses. Le Paris du 17e siècle et ses salons littéraires la passionne et les Précieuses loin d’être ridicules lui donnent l’opportunité d’évoquer une liberté d’aimer et de décrire la noblesse de la pudeur tout en interrogeant ses lecteurs sur la nécessité et la quête aveugle d’une transparence plus souvent destructrice que salvatrice.
Qu’est-ce-qui vous élève?
De vivre au jour le jour, de sentir la magie de l’instant présent.
Que dire de vos trois romans historiques…
Trois destins de femmes libres.
Libre… Marquise, personnage principal de votre dernier roman, pourrait-elle inspirer des suffragettes contemporaines?
Marquise vit sa relation amoureuse avec Antoine Watteau sans briser pour autant son mariage, elle n’est pas dans une quête de transparence qui ferait souffrir inutilement son entourage. Il y a une admirable pudeur dans cette relation, signe d’une époque où la liberté s’éprouvait vis-à-vis de soi-même et de ses sentiments et non pas dans une démonstration outrageuse et insolente comme aujourd’hui sur les réseaux sociaux. C’est la pudeur qui nourrit le désir et Marquise s’autorise une relation amoureuse authentique.
Pourquoi avoir décidé de vous lancer dans cette trilogie de romans historiques?
J’aime me plonger dans un monde et découvrir une époque, les plats, le vieux Paris, les tenues de femmes. Au 17e siècle, la capitale regorgeait de saltimbanques et les rues étaient animées. Au travers du roman historique, je peux dire beaucoup de choses que j’aurais plus de mal à raconter dans un roman contemporain. J’aime faire vivre des personnages comme la duchesse du Maine qui faisait des fêtes géniales.
Comment sélectionnez-vous les livres pour le prix de La Closerie des Lilas?
Je suis sensible au style avant tout, à une écriture qui me berce et qui se distingue. J’aime les livres attachants qui vous prennent et laissent des traces.
À l’heure où le numérique prend le pas sur le réel et où l’on tweet aussi vite que l’on respire, sommes-nous à la fin d’une « belle époque »?
Je pense que notre époque est complexe à saisir et à décrire, nous sommes à un tournant. Je déplore pour ma part cet individualisme poussé à l’extrême et cette vie digitale dans laquelle la convivialité et la conversation se perdent ainsi que la solidarité.
Votre mot préféré dans la langue française?
Joie, car ce mot désigne à la fois une émotion et une promesse.
Un personnage de roman mythique à vos yeux?
Anna Karénine.
Un écrivain qui vous inspire?
Françoise Sagan pour ses prises de liberté et sa désinvolture.
Votre livre préféré de Françoise Sagan?
« Chamade » ou « Bonjour Tristesse »… En fait je les aime tous. J’ai un faible pour les deux premiers dans lesquels elle écrit encore à la première personne. Je suis très attachée à son style.
Un livre sur l’amour?
« Le rouge et le Noir » de Stendhal qui décrit à merveille la complexité de la relation amoureuse.
Une Marquise contemporaine?
Arielle Dombasle qui représente bien ces Précieuses du 17e siècle. Elle est originale et très cultivée.
Un auteur contemporain?
Patrick Besson.
Un livre de chevet?
« Lettre d’une inconnue » de Stefan Zweig.
Vos prochains pas?
Je travaille sur un roman contemporain sur les femmes, encore et toujours, c’est mon thème de prédilection.
Emmanuelle de Boysson signe son livre, « Oublier Marquise » (Flammarion) samedi 25 mai 2013 à partir de 15h à la Librairie Gallimard, 15 boulevard Raspail, 75007 Paris. emmanuelledeboysson.fr
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