Le prix de la Closerie des Lilas 2013 sera remis le 9 avril prochain.
Le mardi 9 avril 2013 sera remis le Prix de la closerie des Lilas 2013. Il a pour originalité d’être un jury tournant et de couronner une romancière de langue française dont le livre paraît à la rentrée de janvier. Il a pour vocation de promouvoir la littérature féminine. Chaque année, ce sont 12 romans qui sont sélectionnés par les membres du jury composé de membres permanents et de membres pour l’année. La lauréate sera récompensée de l’équivalent de 3000 euros en repas à la Closerie des Lilas, dans le 6e arrondissement de Paris. La marque Montblanc lui offira également un stylo plume « Meisterstück Mozart Joaillerie », fait de platine avec une plume en or.
Le jury permanent
Il est composé des cofondatrices Emmanuelle de Boysson (Marie-Claire) et Jessica Nelson (Au Field dans la Nuit), Adélaïde de Clermont Tonnerre (Point de Vue), Carole Chrétiennot (cofondatrice du Prix de Flore), Stéphanie Janicot (Muse) et Tatiana de Rosnay (romancière, dont A l’encre russe vient de sortir en libraire).
Le jury 2013
Au côté du jury permanent, les membres qui composent le jury 2013: Lydia Bacrie, France Cavalié, Anne-Claire Coudray, Sophie Davant, Arielle Dombasle, Françoise Héritier, Nathalie Rykiel et Delphine de Vigan.
A l’issue de la deuxième sélection, qui s’est déroulée le 5 mars dernier, six romans restent en compétition. Nous vous proposons de les découvrir.
Sylvie Bocqui
Vit à Strasbourg et signe ici son premier roman. Son écriture très impressionniste est née – raconte-t-elle – d’une expérience d’adolescence. A 14 ans, elle prit la plume pour décrire un tableau peint par son grand-père, disparu avant sa naissance. Thème de la toile ? Un bouquet de fleurs, qu’elle s’appliqua à observer jusqu’à distinguer des insectes dissimulés dans le feuillage. « De là est né le désir nécessaire de tout voir, de tout saisir, de tout nommer. » Ce texte en est la preuve.
Pourquoi? Parce que ce roman est lui aussi construit comme un magnifique tableau, empli de silence et de mystère. L’intrigue ? Une jeune femme travaille comme gouvernante d’étage dans un palace de la Riviera. Chaque jour, elle veille à ce que les chambres soient parfaites, passant de l’une à l’autre comme une ombre, une fois les clients sortis. Pourquoi a-t-elle choisi un tel destin ? Que cherche- t-elle dans cette infinie solitude ? Voilà tout l’art de ce roman hautement psychologique, nous plonger dans un monde intérieur qui s’éloigne inexorablement du réel.
Fanny Chiarello
Trentenaire prolixe, elle est déjà l’auteur de multiples romans, nouvelles et poèmes dont les titres trahissent un esprit plein de vivacité. La Fin du chocolat, Collier de nouilles ou encore le très fitzgéraldien L’éternité n’est pas si longue. Son blog, Roupie de sansonnet, est également un petit bijou de fantaisie.
Pourquoi? Parce que ce roman est un thriller vibrant d’une rare originalité. Nous sommes à Paris en 1927. Carlotta Delmont, une cantatrice américaine, disparaît après avoir connu à l’Opéra un véritable triomphe dans le rôle de Norma. Fugue, enlèvement, suicide… L’enquête est contée de façon magistrale à travers des articles de journaux, des lettres de proches (ses parents, son amant…) qui révèlent tous une Carlotta différente, réinventée par le regard de chacun. Et le mystère s’épaissit toujours un peu plus…
Marie Nimier
Née en 1957, la fille de l’écrivain Roger Nimier a été distinguée en 1985 par l’Académie française pour Sirène, puis en 2004 par le prix Médicis avec La Reine du silence. Artiste protéiforme, elle est également auteur de pièces de théâtre, d’albums pour enfants, de chansons pour Eddy Mitchell, Clarika, Art Mengo, et a même défilé pour Karl Lagerfeld. Elle est née à Paris et vit en Normandie.
Pourquoi? Parce que ce texte est un véritable défi. Jouant une fois de plus à « Je est un autre », Marie Nimier s’est glissée dans la peau d’un homme, et pas n’importe lequel. Un macho sensible et violent à la fois. Alexis Leriche, beau gosse, fils de boucher de supermarché et victime d’une hyperacousie qui transforme son rapport au monde. Sa vie est en effet largement contrariée. Marié à Zoé, une femme prognathe et soumise, il ne rêve que de Delphine, ancienne copine de classe et fille sublime… Un roman en forme de confession – tantôt drolatique, tantôt désespérée – qui dévoile la dualité d’un homme pris entre sa fragilité et l’obsession de sa virilité.
Alice Zeniter
Originaire de Basse-Normandie, cette surdouée de 27 ans publia à 16 ans son premier roman, Deux moins un égal zéro. Mais c’est en 2010 qu’elle se fit remarquer avec Jusque dans nos bras. Grande amoureuse des planches, elle prépare un doctorat en études théâtrales et est chargée de cours à l’université Paris-III. Elle a aussi enseigné un temps en Hongrie, expérience qui lui inspira Sombre dimanche.
Pourquoi? Loin de l’intimisme galopant, Alice Zeniter a osé une fresque sur trois générations : un grand-père rendant Staline responsable de la mort de sa femme, un père terne et passif, un petit-fils qui, dans les années 1980, ne rêve que d’Occident (de sex-shops, aussi), sans oublier sa jolie soeur, Agi… Conjuguant intelligemment les problèmes familiaux et l’évolution du monde, cette romancière déjà confirmée prouve qu’elle a les moyens de son ambition. Certains aînés feraient bien d’en prendre de la graine…
Oriane Jeancourt Galignani
32 ans, de nationalité franco-allemande, critique littéraire dans différentes publications (Le Point, Philosophie magazine…), Oriane Jeancourt Galignani est aujourd’hui rédactrice en chef des pages Livres du mensuel Transfuge. Mais le grand public la connaît surtout pour ses chroniques dans La Matinale, sur Canal +.
Pourquoi? Pour son premier roman, l’auteur n’a pas choisi la facilité, en racontant les derniers mois de la poétesse américaine (et icône féministe) Sylvia Plath, qui mit fin à ses jours en 1963, à l’âge de 30 ans. A travers de brefs chapitres, Mourir est un art, comme tout le reste brosse par petites touches le portrait d’une femme qui a dû sacrifier son talent sur l’autel du quotidien (en raison des infidélités de son mari – l’écrivain Ted Hughes -, de son statut de mère, de sa folie, aussi…). Un bel hommage qui donne envie de se plonger dans Ariel, le plus fameux recueil de poèmes de Sylvia Plath…
Emmanuèle Bernheim
Scénariste réputée (elle a notamment écrit pour Claire Denis, François Ozon et Michel Houellebecq), Emmanuèle Bernheim est aussi une romancière de tempérament. Après Le Cran d’arrêt, son premier livre, en 1985, cette Parisienne de 57 ans a connu un joli succès avec Sa femme, prix Médicis 1993. Tout s’est bien passé, son sixième récit, acclamé par la presse, s’est d’ores et déjà vendu à plus de 16 000 exemplaires.
Pourquoi? Parce que, sur un sujet des plus sensibles – l’accompagnement du suicide assisté de son père -, la romancière nous livre un texte d’une finesse et d’une intelligence remarquables. C’était en octobre 2008 : le grand collectionneur André Bernheim, 88 ans, tout en se remettant difficilement d’un AVC, décide d’en finir avec la vie. Et demande à sa fille aînée, Emmanuèle, de s’occuper de tout. Des journées très spéciales décrites avec lucidité et humour. Du grand art.