Il est plutôt agréable ce « 19/20 » de Patrick Poivre d’Arvor. Le journaliste a cette voix suave, confortable comme les amortisseurs d’une DS, une voix qui vous emballe, une belle voix de radio comme on dit. Mardi, il avait eu la bonne idée d’inviter la romancière Emmanuelle de Boysson. Elle vient de publier un « Balzac amoureux » aux éditions Rabelais dirigées par Hervé Bentégeat, un ex du Figaro. Balzac amoureux, vaste programme, il fallait avoir le courage de se jeter à l’eau, de se mettre au café turc. Dès que l’on parle des femmes, PPDA est au garde-à-vous. Un vrai setter pointer. Un avisé. Il connaît bien le dossier. Avec Balzac, Emmanuelle de Boysson est presque chez elle. Elle est dans ses petits papiers. Ses trois auteurs de chevet ? Stendhal, Balzac et Proust, un beau tiercé dans l’ordre. Elle aime y séjourner. La romancière nous rappelle que Balzac était raide dingue de Laure de Berny de plus de vingt ans son aînée. Et puis bien sûr, il y a la Polonaise, la Hanska avec qui il se marie avant de passer l’arme à gauche, à 51 ans. Il l’a attendu, lui a écrit des lettres pendant dix-huit ans avant d’aller la chercher. Balzac est une machine de guerre, un entrepreneur, un homme en robe de chambre ou plutôt en robe de bure, un ascète. Le travail ne lui fait pas peur. Dîner à 18h00, un petit somme, lever à minuit, il écrit debout pendant douze, treize heures parfois dix-huit heures. Peu dire que nous sommes peu de chose. Son génie ? Oh, il est tout simple : il a inventé le retour des personnages, les héros récurrents comme on dit aujourd’hui. Rastignac, Vautrin, etc. Si il nous faut conseiller une porte d’entrée à un jeune lecteur qui aimerait se plonger dans le torrent Balzac, nous lui conseillerons « Le Père Goriot ». Là se trouve sans doute le nœud de sa comédie humaine. Ensuite, faites votre marché. Balzac, Balzac, Balzac ! Toujours et encore !