Des sujets graves, souvent dramatiques. La guerre, une génération désillusionnée, la tentation de disparaître, les nœuds de vipère, les piqûres d’abeilles, la famille décomposée, recomposée, les amours fugitives, la consommation de plaisirs : les écrivains sont le reflet de la morosité ambiante. Ils sont les visionnaires d’un monde en péril, de la montée des eaux, de l’apocalypse. Peu d’entre eux ont l’art de tourner à la dérision les situations tragiques. Quelques auteurs font exception à ce tableau noir : Boris Razon qui revient sur la courte période où il fut paralysé, à 29 ans : un cocktail de drôlerie et d’émotion : Palladium, (Stock). Yann Moix, avec son pavé gargantuesque : Naissance, (Grasset) ; Véronique Ovaldé, la fantaisiste romancière deLa grâce des brigands (L’Olivier) ; Bruno Tessarech et ses tribulations de ghost writer : Art nègre (Buchet/Chastel) et notre Amélie nationale avec sa Nostalgie heureuse (Albin Michel).
Parmi les romans les plus sombres, celui de Valentine Goby qui s’appuie sur des récits de rescapées d’Auschwitz pour évoquer un aspect mal connu de la vie concentrationnaire : les accouchements des déportées. Un livre fort et exigeant à l’écriture tenue : Kinderzimmer (Actes Sud). Dans Le cas Eduard Einstein, (Flammarion) Laurent Seksick reprend le thème qui a fait le succès des Derniers jours de Stephan Zweig : le drame de l’intime. Le fils d’Einstein a fini parmi les fous. Sa mère l’a élevé seule. Einstein, ce génie qui a lutté contre le nazisme, n’a pas eu le courage d’aller rendre visite à ce schizophrène enfermé dans un hôpital psychiatrique suisse. Le seul problème qu’il n’a pas réussi à résoudre.
La disparition hante plusieurs auteurs.Le héros de Christophe Ono-dit-Biot enquête sur celle de la femme qu’il a aimée à la folie. Elle était une artiste, une rêveuse. Pourquoi l’a-t-elle abandonné ? Va-t-il Plonger (Gallimard) ? Avec Les évaporés, (Flammarion), Thomas B. Reverdy place son récit à San Francisco : Richard B, détective privé et poète, recherche le père de Yukiko, son ex femme. Une exploration de la tentation d’ailleurs. Lady Hunt, d’Hélène Frappat (Actes Sud) est le témoin de la disparition d’un enfant. Trouvera-t-elle dans son rêve la clé de l’énigme ? Au fil des Saisons de Louveplaine, de Cloé Korman, (Seuil), une algérienne part sur les traces de son mari disparu. La Muette, d’Eric Pessan, (Albin Michel) est une jeune fugueuse. Partir, fuir, c’est ça la littérature.
Bienvenue dans le monde désespéré d’une génération qui a eu vingt ans dans les années 2000. Mobiles, de Sandra Lucbert (Flammarion) met en scène un groupe d’amis en proie au casse-tête de trouver un job, de rester soi-même dans une société sans repères. Tristan Garcia imagine une ville où un ange déchu incarne les rêves perdus d’une jeunesse déçue : Faber, Le destructeur (Gallimard). Douglas Coupland crée une métaphore originale : dans un proche avenir, la vie de cinq personnages, Génération A12, (Diable vauvert) sera chamboulée par des piqûres d’abeilles.
La famille reste le sujet tendance, que ce soit à travers les petits tas de secrets ou l’autopsie des relations de fratrie, parents enfants ou couple. Claudie Gallay, l’auteur des Déferlantes explore le lien frère et sœur dans Une part de ciel (Actes Sud). Sylvie Germain gagne en simplicité avec Petites scènes capitales (Albin Michel) où elle décortique le rapport fille/père dans une famille recomposée. Véronique Olmi, celui d’une mère et de son fils : La nuit en vérité (Albin Michel). Nelly Alard scrute à la loupe l’adultère : Moment d’un couple (Gallimard) : Stéphanie Barron a choisi de mettre en scène la relation entre un grand-père et sa petite-fille : Le Jardin blanc (NiL).
Réjouissant : dans son premier roman, Agnès Vannouvong explore comme jamais les amours saphiques osant décrire des scènes de sexe entre femmes avec crudité et autodérision. Après l’amour est un hymne au désir convulsif, au corps vivant, doux, embrassé. Le roman d’une génération de trentenaires célibataires sex addictes, consommatrices de plaisirs, élevées sans pères ni repères. (Mercure de France). De son côté, Dominique Noguez décrit les différentes étapes d’une passion amoureuse pour un jeune homme à la séduction perverse. Il dissèque les échecs et les humiliations de cette aventure souvent douloureuse qui durera six ans Une année qui commence bien (Flammarion). Une rentrée qui promet des surprises pour les prix.
A propos de prix, permettez-moi de souligner le talent d’une romancière de vingt ans, Rebecca Vaissermann. Elle a eu la bonne idée d’envoyer son manuscrit aux membres du jury du prix des Jeunes auteurs de l’Ile aux Livres (à l’île de Ré). Lauréate du concours, son roman, Oubliés a séduit pour son audace, sa limpidité, son refus du pathos : un vrai coup de cœur : il faut un grande maturité pour imaginer l’amour de deux jeunes hommes conduits dans des camps de concentration pendant la guerre. Oubliés a été publié dans une petite maison : Parole Ouverte Edition. Un succès lors du salon l’Ile aux Livres. Avis aux jeunes auteurs en recherche d’éditeurs.
Du 13 au 15 Septembre aura lieu l’un des salons du livre les plus prestigieux de la rentrée, le Livre sur la Place à Nancy. Secrétaire perpétuel de l’Académie française, Hélène Carrère d’Encausse, inaugurera l’événement. Président du Livre sur la place, Jean D’Ormesson, de l’Académie française, y présentera son nouveau roman, Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit (éditions Nil). Parmi les auteurs invités,Jean-Christophe Rufin, Bruno Heitz,Tatiana de Rosnay, Daniel Picouly, Bernard Pivot, Didier Decoin, Eric-Emmanuel Schmitt, David Foenkinos, Amélie Nothomb, Véronique Olmi,Stéphane Bern,Laure Adler, Karine Tuil, Alain Finkelkraut, Sofi Oksanen, Jean- Louis Fournier, Brigitte Giraud, Sorj Chalandon, Metin Arditi, Bernard Werber, Franz-Olivier Giesbert, Olivier Barrot, Aldo Naouri, Chantal Thomas, Paule Constant, Marie Darrieusecq,Véronique Ovaldé……
En avant-première du salon, trois lectures de Jacques Weber : Mardi 10 septembre – 18h30. En prélude aux célébrations du centenaire de la Grande Guerre. Batteriede l’Eperon à Frouard, dans les Chambrées des Poilus : »Eclats de Vie », spectacle au coeur duquel seront insérés des textes de 14/18 et la lecture de lettres de Poilus. Mercredi 11 septembre – 20h30 : Galerie ARTEM (architecte : Nicolas Michelin), Nancy, au coeur de l’Université : « Correspondances de Flaubert ». Jeudi 12 septembre – 18h30 et 20h30 :Amphi du Musée Aquarium – Nancy « Molière« .
Emmanuelle de Boysson
chère Madame Emmanuelle De Boysson ,
Suis je autorisé à venir vous présenter mes plus aimables compliments ?.
Je crains d’en être maladroit , et vous demande à l’avance d’excuser mes erreurs .
Merci pour votre représentation des oeuvres que vous exposez ; elle est un magnifique feu d’artifice , rien n’échappe à votre grand coeur , je me plais à reconnaître là une générosité que rien n’arrête , propice à faire état du moindre effort à exister et à vivre .
De votre feuilleton de Rentrée Littéraire ; on retient ce goût d’aventure qui est le prétexte à témoigner de la vie qui vous entoure , les charmes du pardon de tout ce qui ressuscite les âmes des fossés où la vie nous plonge .
veuillez , je vous prie , recevoir , Madame , la douce présomption d’une admiration sincère et maladroite pour votre grand coeur et votre passionnant travail à donner la vie autour de vous .